Le gay savoir

De Shiba Aquafield

Eau paradis cent fois retrouvé reperdu
Tes flots sont mon Pérou ma Golconde mes Indes
– Aragon, la piscine de Shiba

Il existe un mot en japonais pour décrire l’été tokyoïte : 蒸し暑い (mushiatsui). Chaud et humide (ailleurs en Asie il fait encore plus chaud et humide, mais pour un français Tokyo est déjà un bon standard).

Il existe une chose pire que de passer un été chaud et humide à suer sans lieu de baignade. C’est de vivre à moins de 500 mètres d’une piscine de 50 mètres en extérieur, ouverte l’été, accessible au public et peu chère, l’Aquafield Shiba-Koen, et de ne pas le savoir !

Mais il existe une chose pire que de passer un été chaud et humide à suer, sans savoir qu’il existe à moins de 500 mètres une piscine de 50 mètres en extérieur, ouverte l’été, accessible au public et peu chère, l’Aquafield Shiba-Koen. C’est de l’avoir appris l’hiver dernier, alors que la piscine était fermée et que l’espace est utilisé en tant que terrain de futsal, et de l’avoir oublié une fois l’été venu !

A tel point que j’en suis venu à me demander si avoir réappris l’existence de cette piscine – à la suite d’une discussion fortuite, suivant une rencontre inopinée avec un organisateur de Tokyo Gaijins, qui comme par hasard venait de faire un marathon de natation (10km) – était une bonne chose : ne dit-on pas que les ignorants sont bénis ?

Quoiqu’il en soit il était trop tard, j’avais re-croqué dans le fruit de la connaissance, autant le boire jusqu’à la lie ! C’est donc en maudissant mon oubli, mais en me réjouissant tout de même secrètement de l’opportunité de faire quelques longueurs (même si j’espèrais tout aussi secrètement une déception qui aurait atténué la rancoeur de ma maladresse), que nous nous dirigions vers la piscine à la première occasion.

Première impression : l’eau est chaude. Très chaude même, en sortant je remarque un écriteau qui donne la température de l’eau à 31°C. Je suppose que ce n’est pas le bassin pour vos records de natation, mais mon maigre niveau s’en satisfait : au moins pas de difficultés à rentrer dans l’eau. A vrai dire ce serait plutôt l’inverse, car ce premier week-end de septembre la température a presque frôlé les 20°C, et nous avons failli avoir froid.

On retrouve quelques petits détails des piscines japonaises : le fond est de un mètre dix (pour éviter les noyades, même si la piscine est constamment surveillée par 3 à 5 maîtres nageurs), les tatouages sont proscrits. Ici, de façon plutôt rare, les bonnets de bain ne sont pas obligatoires. Deux lignes d’eau sont réservées pour les nageurs, l’essentiel de la piscine est utilisé pour faire de la marche dans l’eau ou par des gens qui barbotent avec des bouées gonflables.

A côté du bassin principal se trouve un bain pour les bébés, et en hauteur une terrasse qui sert d’aire de repos. D’ici l’on peut apprécier la vue, le parc de Shiba et quelques bâtiments du Zozoji, avec un peu plus loin la tour de Tokyo (que l’on peut voir depuis le bain également !) et en arrière plan les tours de Roppongi. Les photos étant interdites, l’illustration de cet article est une oeuvre de contrebande (ce qui j’espère excusera sa qualité passable).

La première fois que nous y sommes allés, nous avions remarqué sans y prêter trop d’attention, que la clientèle de la piscine était, mis à part quelques familles venues avec leurs enfants, essentiellement masculine. J’échaffaudais de nombreuses théories fumeuses (“les filles préfèrent aller à la plage”, …) alors que l’explication de la sur-représentation masculine crevait littéralement les yeux : cette piscine est connue comme étant un lieu de rencontre de la communauté gay de Tokyo. Avis aux amateurs de mini-slips de bain fluo !

Il semblerait qu’il existe d’autres piscines dans les environs qui seraient plus agréables, notamment celle du Tokyo Prince Hôtel, une autre piscine de 50 mètres en extérieur, avec des vues encore meilleures sur la tour de Tokyo. Mais à 4000 yens la journée contre 400 yens les deux heures à l’Aquafield Shiba-Koen, elle s’addresse aux plus aisés (ou aux gens qui comptent passer leur journée à la piscine).

Pour finir quelques détails pratiques :
Ouverture: de 9h à 17h jusqu’au 15 septembre (de 9h à 20h en juillet-août)
Entrée: 400 yens les deux heures, 200 yens par heure supplémentaire
Site web

4 Réponses to “Le gay savoir”

  1. Rafran Says:

    La voici donc… encore quelques jours pour en profiter !

    • maaaraag Says:

      Oui, il n’est jamais trop tard. On a réussi à y aller 3 fois en un peu moins de 10 jours. Ce qui est amusant avec cette piscine c’est que on est passé de nombreuses fois à côté sans se rendre compte qu’elle était là !

  2. L'echo Says:

    Et vive le slip de bain fluo! ^^

  3. L'echo Says:

    Reblogged this on L'echo du Kanto.

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